L'assassin d'obsidienne

Chapitre 3

Herwan se dirigeait vers le domaine du seigneur Falarid. Il était tard. La lune était cachée par d’épais nuages. Il neigeait. Le jeune homme crachait de la buée à chaque respiration. Habitué depuis sa naissance au froid glacial, le garçon ne se plaignait pas de la température. Il se déplaçait en silence dans les rues étroites et escaladait les maisons pour passer aux niveaux supérieurs de la ville. Arrivé au dernier niveau, Herwan se fondit dans la végétation luxuriante des jardins seigneuriaux. Il arriva au mur Est du palais. Une plante solide grimpait au mur de l’immense demeure. Herwan l’escalada et arriva à un petit balcon donnant sur une chambre vide. Elle était grande, des panneaux de bois roux sur les murs cachés par d’immenses tentures de velours et de tapisseries représentant les hommes en guerre contre les elfes. L’une d’elle attira l’attention du jeune homme. Une jeune femme attachée à une table de marbre était blessée au ventre et de la plaie sortait plusieurs émeraudes. Comment une personne pouvait être constituée de pierre ? pensa Herwan. Puis il alla vers la porte. Quelques minutes plus tard, il n’y pensait plus. Il arriva dans un long couloir de pierres grises. Il se terminait quelques mètres plus loin par une immense porte de bois foncé et d’or. Elle était surveillée par trois gardes armés jusqu’aux dents. C’était sûrement la chambre de Falarid. Herwan s’arrêta net et, sans un bruit, retourna sur ses pas. Si un soldat le voyait il déclencherait l’alarme et il serait tué. Il était revenu dans la chambre vide. Il jeta un dernier coup d’œil derrière lui et sorti par la fenêtre. Il s’accrochait à une petite rampe de quelques centimètres de large. Le bout de ses bottes était callé dans une fente entre deux pierres. A dix mètres en dessous de lui se trouvaient deux soldats qui surveillaient les jardins. Il avançait lentement collé, contre le mur. Le petit vent froid qui était là à son arrivé au palais s’était à présent changé en tempête de neige. De fortes bourrasques balayaient la cité. Le garçon était arrivé à un angle de mur quand une puissante rafale bouscula Herwan. Il vacilla et ses deux pieds glissèrent de la corniche faisant en même temps tomber une de ses armes qui atterrit avec un bruit sourd. L’un des deux gardes accouru et dit à son camarade :

-        Eh, Harthmar ! T’as entendu ?

-        De quoi ? brailla Harthmar.

-        Y’a eu du bruit. Là bas… dit-il en désignant le mur d’où était tombé la dague.

-        Ca devait être un oiseau ou quequ’chose comme ça…

-        Mais non j’tassure ! On aurait dit du métal.

Herwan, au dessus d’eux, retenait sa respiration. « Pourvu qu’ils ne lèvent pas les yeux, il ne faut pas qu’ils me voient… ».

-        Ouai, ouai… répliqua Harthmar. C’est ça ! Je te croirai que quand t’arrêtera la gnôle !

-        Mais je t’assure !

Puis sur ses mots il alla dans les buissons ou était tombé la dague. Il ressorti, blanc comme un linge tenant dans sa main l’arme de Herwan.

     -   Déclenche l’alarme. Coincez le. Il faut protéger le seigneur.

Les deux hommes levèrent les yeux vers le mur. Il n’y avait personne.

Herwan continuait son escalade sur les murs du château. Il arriva enfin à une immense fenêtre surplombant les jardin et la ville. La vitre était fermée à clef. A chaque fois qu’il avait ce problème il plaçait son index sur le mécanisme, se concentrait. Au bout de quelques secondes la serrure lâchait. Aucune ne lui avait jamais résisté. Il avait ce don depuis toujours et ignorai d’où il lui venait. Il entra dans la chambre. Le lit qui      trônait au milieu de l’immense pièce était assé grande pour accueillir aisément au moins six personnes. Falarid et sa femme dormaient paisiblement ne se doutant pas que leurs existences se termineraient dans quelques minutes. Herwan s’approchât du lit, tira son sabre. Falarid ouvrit les yeux, hurla. Mais se son resta comme emprisonné dans sa gorge. De celle-ci coulait un flot de sang. Il était mort.

Il fit subir le même sort à la châtelaine. Il s’éclipsa par la fenêtre tel une ombre. Il escalada les pierres et arriva sur le toit de verre. D’ici le jeune homme voyait toute la région. De la plaine jusqu'à la forêt des silencieux. Il erra sur le toit à la recherche d’une quelconque entrée. Au bout de quelques minutes il arriva à trouver une petite lucarne par laquelle il se glissa. Il débouchât dans une immense pièce aux murs de verres. Au fond de la salle se tenait l’elfe. Herwan la reconnu à la seconde où il l’aperçut. Une cascade de cheveux argentés lui descendait jusque dans le bas du dos. Elle portait une longue robe lui la taille bleue nuit avec des broderies argentées. Herwan s’approchât d’elle à pats feutrés. Elle se retourna si brusquement qu’il n’eu qu’à peine le temps de se dissimuler dans l’ombre. Elle jeta un regard inquiet autour d’elle et dit :

     -   Qui est-ce ?

Une peur immense s’affichait sur son visage. Il avait vu tellement de gens souffrir à cause de lui, le supplier de les épargner ou de les achever. Mais il ne l’avait jamais fait. Ils les avait tous transpercés, égorgés ou saignés à mort. Tuer était pour lui un passe temps mais pas sa passion. Il espérai un jour trouver l’assassin de ses parents qui l’avait forcé à partir dans la forêt. Il le traquerai, le torturerai et le tuerai lentement.

L’elfe tourna enfin le dos à Herwan.

Il bondit.

L’elfe se retourna au moment ou Herwan la renversa. L’elfe poussa un cris de surprise et attaqua. Il se jeta à plat ventre juste assez vite pour éviter de se faire transpercer par l’arme de la jeune femme. Se redressant à une vitesse fulgurante, Herwan l’attaqua par derrière parvint à lui immobiliser les bras. Elle se débâti violemment et parvint à se libérer un bras. Elle se retourna soudainement et mordit le bras de son adversaire. L'assassin hurla et se jeta sur elle avec un tel élan qu'il la fit tomber. Se redressant à la vitesse de l'éclair, il posa son genou dans le dos de l'elfe et lui lia les poignets. Elle était maintenant inoffensive. Il la retourna de façon à pouvoir la porter. Elle le regarda dans les yeux. On pouvait lire dans son regard beaucoup de haine, une intarissable soif de vengeance et de la peur. Un océan de peur. Ses yeux d'un noir profond ne le quittaient plus. Il voulait détourner son regard ne pouvait décrocher ses yeux de ceux de l'elfe. Son regard était attirant, profond mais la haine le rendait sombre, si sombre... Herwan ne put retenir un frisson. De fines larmes, tel des perles de cristal, roulaient sur les joues de la jeune fille. Reprenant ses esprits Herwan tourna la tête. Veillant à ne pas croiser le regard de l'elfe, il la hissa sur son épaule. Etonné par sa légerté, Herwan se mit à marcher d'un pas sûr. Soudain l'elfe se mit à se débattre avec une telle force que Herwan manqua de perdre l'équilibre.

-        Si tu continue comme ça tu vas le regretter... murmura Herwan entre ses dents.

Mais elle continua à gesticuler. Herwan la saisit brusquement, la fit tomber de son épaule. Elle poussa un cris de surprise qui fut étouffé par son bâillon. Herwan lui balança son poing dans la tempe. Elle s'écroula, inconsciente. Il la remis sur son épaule, pris son sac et sorti du palais.